La branche du Hezbollah en Syrie profère des menaces de s’attaquer aux plateformes pétrolières d’Israël en Méditerranée
Le conflit gazier israélo-libanais s’inscrit dans la bataille énergétique globale américano-russe au Moyen-Orient
Au lieu d’accepter un accord négocié par les Etats-Unis pour résoudre le dilemme du Bloc 9, le Hezbollah et l’Iran font des gisements de gaz et de pétrole un quatrième front de guerre.
Quand il y a six ans, les Etats-Unis ont tenté d’opérer une médiation dans le conflit portant sur le Bloc 9, qui chevauche les eaux maritimes du Liban et d’Israël (offrant alors 60% au Liban et 40% à Israël), la Russie, l’Iran et le Hezbollah n’étaient pas encore intervenus militairement dans ce stade ultérieur de la guerre civile en Syrie.
A l’époque, également, les Etats-Unis contrôlaient les marchés énergétiques du Moyen-Orient et Israël chérissait cette croyance que ses réserves de gaz et de pétrole au large de ses côtes, étaient suffisamment fournies pour satisfaire la consommation annuelle de l’Europe et faire de l’Etat Juif une puissance énergétique du Moyen-Orient.
Mais Beyrouth avait alors catégoriquement rejeté le compromis proposé par les Américains – tout comme il le fait à présent, excepté qu’aujourd’hui, le Liban s’exprime avec une voix plus forte et plus agressive, soutenu depuis lors, par les victoires du Hezbollah et de l’Iran sur les théâtres d’opération de la guerre syrienne.
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Israël, pour sa part, a raté le coche. Des entreprises internationales majeures opérant dans le domaine des énergies, se sont éloignées et abstenues d’investir dans les gisements israéliens de gaz et de pétrole en Méditerranée, et Israël en est revenu à approvisionner ses propres besoins et à assurer ses ventes à ses voisins, l’Egypte, la Jordanie et les Palestiniens.
Par-dessus le marché, Israël a raison d’avoir des remords à propos de son rejet des offres répétées du Président Vladimir Poutine au Premier Ministre Binyamin Netyanyahu pour que des entreprises d’Etat russe viennent explorer et développer ces gisements, financent un réseau de pipeline vers l’Europe et apportent la sécurité à ce projet. Poutine maintenait que ni l’Iran ni le Hezbollah ne s’aventureraient à attaquer les plateformes ni les pipelines sous propriété et protection russe.
Cet argumentaire a, effectivement, fonctionné den octobre 2017, quand les forces des milices irakiennes et chiites des Ashd al Shaabi se sont emparés de la ville pétrolière de Kirkouk pour l’arracher à la région semi-autonome du Kurdistan d’Irak, tout en s’abstenant, jusqu’à présent, de mettre la main sur les gisements pétroliers fournissant la Turquie, parce que les Kurdes avaient préalablement transmis leur gestion au Géant russe de l’énergie Rosneft.
Netanyahu a rejeté la proposition de Poutine, à l’époque, pour favoriser au maximum les liens étroits avec Washington (rendus plus problématiques et fragiles par le règne d’Obama).
Dans les circonstances géostratégiques présentes, les sources des renseignements militaires sont très sceptiques sur les chances du Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson et du Sous-Secrétaire David Satterfield, dans leur tentative pour lancer une négociation en vue d’un accord entre le Liban et Israël sur le sort de ce fameux bloc 9.
Même si un compromis était négocié, Beyrouth le rompra avec que l’encre ne soit sèche, exactement comme il ‘la fait à propos de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui interdisait au Hezbollah de se réarmer après sa guerre de 2006 contre Israël ou à stationner des forces armées au Sud du Litani, soit dans tout le Sud Liban.
Cinq obstacles impérieux se tiennent en travers du chemin de la tentative de médiation américaine :
- La question du Bloc 9 a évolué, depuis les dernières phases de la guerre en Syrie, en partie intégrante d’un test bien plus vaste : les Etats-Unis contrôlent les sites pétroliers et gaziers de l’Est de la Syrie dont les Forces Démocratiques Syriennes, qu’ils soutiennent, se sont emparés en les arrachant des mains de Daesh l’an dernier, dont l’installation de gaz naturel de Conoco. Pour contrebalancer cette perte, l’Iran, le Hezbollah et la Syrie sont en position de retenir en otages les installations pétrolières et gazières d’Israël en Méditerranée.
- Une résolution de cette impasse est dépendante de l’atteinte d’un pacte d’entente entre les Etats-unis et la Russie en Syrie. En son absence, les forces américaines ont, le 7 février et pour la première fois attaqué des “mercenaires” russes aidant les Syriens et les pro-Iraniens à prendre le contrôle des gisements pétroliers de Tabiyeh sur la rive Est ; et Moscou, pour sa part, ne lèvera pas un petit doigt pour empêcher le Général Soleimani, Commandant des Forces Al Quds, ou le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, de continuer à menacer les plateformes off-shore d’Israël. Nasrallah a ainsi dit explicitement vendredi 16 février : La région est entrée dans “La bataille pour les gisements de pétrole et de gaz. Personne ne devrait plus voir cela comme un conflit distinct”, a t-il dit. Si le Conseil de Défense Libanais le décide, nous, Hezbollah, somme prêts à mettre hors-service les installations de gaz off-shore d’Israël en à peine quelques jours”.
- Le conflit israélo-libanais n’est pas la seule querelle dans la région, en lien avec des problèmes énergétiques, que les Secrétaire Tillerson tente de résoudre. Depuis des mois, il tente sans succès de mettre un terme, même provisoire, au bras de fer que mènent l’Arabie Saoudite, riche en pétrole, les EAU et l’Egypte contre le Qatar. Tout comme le premier est encore embourbé dans la crise syrienne, ce dernier est aussi confronté au défi que posent les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, face à la tentative iranienne de prendre le contrôle de la Mer rouge en poursuivant la guerre du Yémen.
- La perception qu’a l’Administration Trump du gouvernement et de l’armée libanaise, qu’ils ne seraient pas encore complètement sous la domination iranienne est irréaliste. Ses responsables semblent croire qu’on puisse encore les arracher des griffes de ces impérialistes chiites. Washington continue, par conséquence, à fournir des armes et des financements à Beyrouth, bien que ce soit le Hezbollah qui en avale la première coupe.
Pour Israël, le conflit autour du Bloc 9 est un handicap majeur pour sa position stratégique face à ses ennemis. Jusqu’à présent, Israël devait rivaliser sur trois fronts d’hostilité menés par l’Iran et le Hezbollah : leur renforcement à Quneitra sur les Hauteurs du Golan, dans le Sud de la Syrie et au Sud Liban. Les menaces off-shore du Hezbollah contre les gisements de gaz et de pétrole en ont ajouté un quatrième.
Adaptation : Marc Brzustowski
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