La France n’est pas prête à lutter réellement contre l’antisémitisme
Opinion : Tandis que des responsables français de tous les horizons politiques venaient manifester leur solidarité avec les Juifs français face à la haine, on ignorait de quelle manière l’antisionisme «progressiste» alimentait les efforts vicieux de l’antisémitisme pour le combattre jusqu’à le mettre en état d’échec.
Le rassemblement de solidarité pour les Juifs français organisé la semaine dernière à Paris a dû paraître impressionnant aux Israéliens. Mais aussi impressionnant qu’il ait pu compter la participation d’environ la moitié des ministres du gouvernement français, ainsi que d’autres personnalités, c’était trop peu et trop tard. La situation en France ne va pas s’améliorer.
Les médias n’ont rapporté que récemment qu’en 2018, l’antisémitisme avait augmenté de 74% par rapport à l’année précédente. Le titre de ce rapport ne fait que confirmer ce à quoi nous assistons : attaques physiques et verbales contre des Juifs, profanation de cimetières et de monuments juifs, messages haineux sur des entreprises et des véhicules juifs, etc.
Bien qu’il ait été pratiquement absent des manchettes depuis l’élection de Macron, l’antisémitisme n’a pas disparu. Par conséquent, la solidarité exprimée entre les partis, la semaine dernière, fait chaud au cœur à de nombreux membres de la communauté juive. Mais, même si le rassemblement avait permis de ramener un peu de calme, il ne résoudra pas le problème.
Il est peu probable que ce jeu d’unité puisse affecter la perception de la population en général dans un pays où les éléments radicaux sont en pointe. Il est regrettable de constater la réaction des élites progressistes du pays qui retombent dans les mêmes mantras, rappelant les messages entendus il y a cinq ans, lorsque le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, avait déclaré que les Juifs étaient l’avant-garde de la République Française. ; un compliment impressionnant, mais il n’a eu aucune influence pratique.
Valls était perçu comme un véritable ami de la communauté juive mais, dans l’intervalle, il est devenu une figure insignifiante et a quitté le pays, il y a environ un an. Ses paroles ont été oubliées et il est difficile de signaler un réel progrès sur le front.
Ce qui n’a pas fonctionné dans le passé ne fonctionnera pas maintenant. Le traitement de l’antisémitisme par la France est erroné et les Juifs français en ont assez des déclarations. Ils n’ont pas besoin d’une autre marche de protestation condamnant ce qui est mauvais et louant ce qui est bon. La semaine dernière, la marche a inclus des groupes qui ne comprennent pas la question. Pour les représentants du Parti vert, il ne s’agissait que d’une étape supplémentaire pour faire oeuvre de vertu et se positionner du bon côté avant les élections. En ce qui les concerne, l’antisémitisme est simplement une affaire déplaisante, mais rien de trop excitant pour justifier une réelle mobilisation.
La population française l’a bien compris : dans le passé, de tels rassemblements attiraient des centaines de milliers de personnes, mais la semaine dernière, seuls 20 000 d’entre eux se sont présentés.
En outre, de nombreux participants ignorent obstinément le fait que l’antisémitisme est devenu une composante essentielle de certains segments de la société française. Par conséquent, la présence des élites au rassemblement ne fait que renforcer la théorie de la conspiration, selon laquelle les Juifs contrôlent les arcanes du pouvoir.
Une réponse appropriée nécessite de se confronter à la réalité. Le discours public ne peut continuer à aborder le sujet comme une simple expression universelle de la haine de l’autre. Un journalisme audacieux ne devrait pas avoir peur d’exposer le passé des auteurs de tels crimes. Pour trouver des solutions appropriées, il faut reconnaître que l’antisémitisme actuel est passé de l’extrême droite à l’islam radical. C’est un secret de polichinelle, mais les partisans des politiques d’identité veulent absolument le minimiser et le diluer, évitant ainsi de faire face au problème.
De plus, le sort des Juifs en France n’est pas détaché des attitudes envers l’État juif. Les manifestants qui ont attaqué le philosophe juif Alain Finkielkraut à Paris samedi dernier ont lancé des slogans sans lien avec la manifestation à laquelle ils participaient. Leurs cris de «Palestine» et de «déchet sioniste» ont révélé ce qui les dérange au sujet des Juifs.
À cet égard, la France est un terrain fertile pour de telles accusations sans fondement et pour une légitimité de la violence. Pas étonnant qu’il soit finalement destiné à la communauté juive.
Les partis progressistes et leurs représentants dans les médias – ceux qui ont participé à la manifestation de la semaine dernière – alimentent activement cette haine par la guerre de propagande qu’ils mènent contre l’État d’Israël. Ainsi, dans la banlieue de La Courneuve, au nord de Paris, se tient chaque année la “Fête de l’Humanité”, événement important pour le Parti communiste et ses alliés. Chaque année, les principaux militants du BDS y sont accueillis.
Peut-être que les hauts responsables du parti savent très bien où se situe la ligne de démarcation entre l’antisionisme et l’antisémitisme, mais il s’avère que les habitants des quartiers défavorisés environnants sont moins sensibles à ces nuances.
La position des autorités en la matière va effectivement dans la bonne direction. Après sa conversation avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Macron a annoncé que l’expression de positions antisionistes serait considérée comme l’une des nombreuses formes d’antisémitisme. Mais on ne sait pas comment cet aménagement ne restera pas purement déclaratif. Macron avait déjà fait savoir qu’il était opposé à la pénalisation de ces positions (antisionistes). Les propagateurs de haine savent jouer avec les limites de la liberté d’expression et les capacités de la censure, à l’ère des réseaux sociaux, sont nulles.
