Intégration des migrants: Karoutchi propose de s’inspirer de la méthode kibboutz
Par Jean-Marc Leclerc
Pour le sénateur les Républicains des Hauts-de-Seine, la France «manque d’audace» en matière d’intégration et souhaiterait s’inspirer de modèles comme en Israël ou en Allemagne.
«Il est temps de réfléchir à la définition d’un modèle d’intégration complet, comme en Israël ou en Allemagne.»
Pourquoi, alors, ne pas s’inspirer des méthodes qui ont fait le succès des kibboutz?
Le sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, est persuadé que la France manque d’audace en la matière. Il avait déjà formulé cette proposition en 2012 dans son premier rapport sur l’apprentissage de la langue française et les cours d’éducation civique réservés aux immigrés.
«Nous ne possédons aucune institution qui assure des formations linguistiques et civiques dignes de ce nom, estime-t-il. Chez nous, globalement, les gens viennent faire leurs heures et repartent, sans contrôle, sans que le système stimule vraiment leur motivation.»
Les kibboutz?
«Ces villages d’inspiration socialiste ont été particulièrement utilisés au milieu du XXe siècle pour faciliter l’intégration des populations juives de la diaspora, par un apprentissage intensif de l’hébreu et une assimilation du mode de vie israélien», rappelle le rapporteur spécial Karoutchi.
À le lire, des stages de ce type pourraient «susciter l’intérêt des signataires de contrats d’intégration républicaine désireux de s’acquitter de leurs obligations contractuelles dans un temps restreint».
Le sénateur précise: «Aujourd’hui, le parcours d’intégration israélien prévoit 500 heures de cours dans des oulpan, ces écoles d’apprentissage de la langue hébraïque placées sous la tutelle du ministère de l’Alyah et de l’Intégration. Une formule, l’oulpan de jour, permet aux immigrés de suivre cinq heures de cours, cinq jours par semaine pendant cinq mois.»
Un rythme évidemment plus soutenu que les 200 heures de cours au maximum étalées sur un an en France.
«La durée des formations, la dispersion géographique entre les sites, l’absence de liens entre les différents modules et l’absence de sanction conduisent à un parcours peu intégrateur»
Roger Karoutchi
Comment transposer la formule à nos besoins d’intégration? «Dans le contexte français, il s’agirait d’organiser des stages de formation intensifs facultatifs», nuance Roger Karoutchi. Autrement dit, des stages pour les étrangers les plus volontaires.
Pour l’heure, selon lui, «il apparaît qu’en France, la durée des formations, la dispersion géographique entre les sites, l’absence de liens entre les différents modules et l’absence de sanction réellement dissuasive en cas d’échec conduisent à un parcours globalement fort peu “intégrateur”.»
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sera-t-il séduit par la formule, alors qu’il vient de se voir confier par le chef de l’État la rédaction d’un projet de loi sur l’immigration à présenter pour l’automne?
Une chose est certaine: lors de la réunion des préfets à Paris, ce mardi, en présence du président Macron, il a mis l’accent sur les défis de la politique d’intégration des étrangers en France. Il en fait un «enjeu de premier plan de cohésion sociale» et considère que «les moyens mobilisés à cette fin ne sont aujourd’hui clairement pas à la hauteur».
Le ministre a annoncé la nomination d’un parlementaire en mission sur ces questions. Un conseil interministériel sur l’intégration se réunira à la fin de l’année pour trancher sur cette réforme.